Thomas Bossard

Thomas Bossard fait ses études à Lille avant de poursuivre à l'Ecole Saint-Luc en Belgique (Tournai), dans la section arts graphiques, avec l'idée de s'orienter vers la publicité. Après un premier travail dans ce domaine, il rencontre le milieu théâtral et change totalement de trajectoire : "C'est au Théâtre du Capitole de Toulouse, en tant que peintre-décorateur, que j'ai pu commencer à exprimer ma palette artistique dans toute sa polyvalence : illustration, peinture, scénographie, fresques, photographie, décoration, etc. en réalisant de nombreux décors d'œuvres classiques (Les Maîtres chanteurs, Siegfried, Le Crépuscule des Dieux, La Flûte enchantée, L'Auberge du Cheval Blanc, etc..). J'ai ensuite travaillé comme scénographe pour différents metteurs en scène, notamment Pierre Debauche. J'ai également réalisé des story-bords de courts-métrages et de films publicitaires, sans oublier des décors dessinés pour une série télé produite par Vagabonds Films. j'ai aussi réalisé des dessins sur porcelaine pour la manufacture de Yves Deshoulières. enfin, j'ai crée des affiches de spectacles, festivals et long métrage .

 

Artiste peintre, peinture, Huile sur toile, Thomas Bossard



 Quelques réflexions sur les peintures de Thomas Bossard :

 

Aimez-vous les bonbons acidulés ? La question peut paraître surprenante si l’on doit parler peinture mais en même temps dans le bonbon acidulé il y a toujours quelque chose de notre enfance qui revient quand sur la langue nous retrouvons ce goût pas tout à fait agréable parce « ça pique » et en même temps parce que « ça fait drôle ». Ce qui fait que passer le premier nous recherchons la sensation dans le deuxième puis le troisième jusqu’à ce que le paquet soit vide.

Chez Thomas Bossard, il y a dans son allure comme dans ses toiles quelque chose de cette enfance qui nous revient, mais là où nous croyons ne trouver que le sucré, nous vient à y bien regarder l’acide. Mais cet acide- là n’est pas fait pour dissoudre, peut-être un peu pour décaper et faire que les couches de vieilles peintures que nos yeux endormis ne nous font plus regarder que par habitude au point de ne plus les voir, cet acide-là, donc, a le goût des bonbons acidulés. Ils nous piquent un peu mais sans agression, ils réveillent des couleurs surprenantes à y bien regarder. Il y a de la douceur et c’est ce qui fait que nous sommes attirés. Les rouges ne sont pas agressifs, c’est le rouge de nos joues et de notre nez exposés au vent froid de la mer ou au froid d’une vie qui perdrait de sa chaleur, pourtant nous avions mis les « kway à capuche ». Nous pourrions à notre tour nous fondre dans le décor et devenir un peu papier peint. Mais c’est nous sur la toile dans notre petite misère avec les pieds froids regardant la mer... Et c’est beau la mer ! même avec les pieds froids. Il y a là quelque chose d’infini qui capture notre regard. La mer sans cesse recommencée comme les « générations » : l’enfant donnant la main pour ne pas avoir peur de cette grande mer fascinante qui pourrait le prendre, mais la main protectrice rassure et nous donne envie de jouer avec les vagues, juste pour nous faire des grandes frayeurs d’enfants avec les pieds mouillés.

Thomas Bossard aussi nous donne la main pour regarder la mer ou peut- être l’amer sans cesse recommencé. Mais nous qui avons grandi, nous savons que certains partent pour ne pas revenir ? Nous pouvons faire des rondes joyeuses pour trouver l’ivresse dans la danse, mais la boucle n’est pas bouclée parfois, il continue de manquer quelqu’un, resté un peu en arrière, trop en arrière. Et dans notre folie, nous le laissons échapper. L’envie de la grâce nous prend, nous nous sentons le pied léger. Qu’à cela ne tienne, enfilons le tutu et en avant : deux, trois, en musique, entrons dans la danse ! Soyons acrobates ! N’ayons peur de rien même pas du ridicule...

Mais le sommes-nous vraiment, ridicule? Nous pourrions nous retrouver

devant une bonne bière sur la digue de Zuidcoote, dans la « conversation » nous échangerions de grandes paroles sur les malheurs de notre petit chien si adorable que nous lui portons une sincère affection. Lui au moins, il écoute !...

Parfois dans le miroir nous aurions envie de fuir notre image, mais cet homme un peu ridicule, est-ce bien nous ? L’élégance et la poésie de Thomas Bossard nous disent que non, c’est un autre, toujours un autre. Dans les farandoles et dans les groupes contemplatifs ou dans les VIP des vernissages, là-bas au fond du tableau, celui qui a le regard de côté, tendu vers les petits-fours, c’est peut-être nous ? Alors cet être un peu grotesque un peu ridicule, c’est sûr ! Ce ne peut pas être que nous. Bien sûr, nous le savons, si nous nous laissons aller alors ... Un petit four encore ? Heu non merci, c’est gentil. Heu ??? Eh puis comme vous me le proposez, j’accepte. Avec plaisir !

C’est tout cela que les tableaux de Thomas Bossard nous disent, en douceur car il est très humain. C’est cette sensibilité qui nous émeut dans ces portraits où le vertige de l’existence saisit le personnage ou quand nous sommes seul à notre table face à notre verre bientôt vide.

Voilà pourquoi me venaient à l’idée, en regardant ces toiles de Thomas, les bonbons acidulés.

Allez-y ! Reprenez-en un ! c’est si agréable de sentir que la douceur de la vie nous pique le bout de la langue. Et puis avec Thomas, le paquet n’est jamais vide ...

 

Toulouse le 1er Avril 2008.

Eric Aliot, professeur de philosophie.